
Avez-vous
entendu parler du Forum social mondial qui s’est tenu en Tunisie fin
mars ? Non, sans doute… Vous me direz que « les autres » se réunissent
tous les ans, dans la même ville, Davos, et qu’ils ont plus de moyens
financiers.
Créer des réseaux
La
société civile tunisienne y était fortement représentée avec environ 20
000 personnes et par des organisations de sensibilité différentes. Le
Forum social mondial a rassemblé des milliers de
participants de toute la région Afrique du Nord et Moyen Orient mais
aussi du monde entier, permettant ainsi de créer des réseaux régionaux
d’acteurs de la société civile. La forte présence des femmes et des
jeunes démontre qu’ils ne sont pas prêts à se laisser confisquer leur
révolution à laquelle ils ont contribué.
La place de l’Economie sociale et solidaire (ESS) : des racines anciennes
L’Economie
sociale a son origine en Tunisie dans la lutte contre la pauvreté et se
veut actrice génératrice de richesse et de capital social dans des
régions à faibles ressources : zones rurales ou zones urbaines
déstructurées. C’est dans les régions où parfois ni les services
publics, par manque de moyens, ni le secteur privé, par manque
d’intérêt, ne peuvent agir pour pallier les carences de leurs habitants,
que l’Economie sociale est l’une des seules alternatives existantes
pour générer un développement et un tissu de production endogène.
La
plupart des acteurs de l’Economie sociale a comme objectif principal de
répondre aux besoins des couches sociales les plus défavorisées.
L’Economie sociale tunisienne s’applique à effectuer des activités qui
cherchent à apporter une couverture sociale à certains collectifs, comme
les personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes, les jeunes
ou les habitants de régions sous-développées
Des réussites et des difficultés
Le
secteur des Mutuelles tunisiennes est assez largement connu : elles
regroupent plus de 2 600 000 adhérents (dont 2 200 000 adhérents de la
Mutuelle des accidents scolaires et universitaires) et dégagent des
résultats excédentaires.
De
fait, l’expérience tunisienne est riche en matière d’économie sociale
(les associations de développement accordent des micro-crédits qui
varient entre 500 et 4000 Dinars Tunisiens – 1€ = 2,10 DT), mais le
concept d’économie sociale n’est pas très répandu en Tunisie.
A
cela s’ajoutent des difficultés traditionnelles liées à des pratiques
de gestion bureaucratiques de la majorité des coopératives, à la faible
capacité des ressources humaines et financières, au faible niveau de
formation et de compétences des intervenants et à la faiblesse au niveau
des méthodes de gestion et
de travail.
Des besoins et des espérances
Le
rapport
sur l’économie sociale en Tunisie (2008 – 2009) présente des
recommandations pour le futur : création d’une plateforme pour regrouper
et renforcer les composantes de l’économie sociale, construction de
synergie entre les différentes composantes de l’économie sociale,
promotion d’une culture d’efficacité en terme de restructuration des
actions afin de mieux cibler et de faire fructifier les lignes de
financement des projets, développement des compétences des intervenants
locaux, régionaux et centraux, identification des potentialités d’emploi
au sein de ce secteur, développement de programmes de partenariats, de
coopération, de formation et d’information avec les acteurs de
l’économie sociale espagnole.
La France est également présente
Pour
preuve l’organisation, à l’initiative des groupes MACIF et Crédit
Coopératif, du « Med’ESS », du 2 au 4 mai prochain à Tunis, qui veut
jeter les bases d’un écosystème méditerranéen favorable aux entreprises sociales. En
mettant en lumière les projets et pratiques exemplaires, en
encourageant l’inter-coopération des acteurs, Med’ESS mettra en lumière
une Economie sociale et solidaire qui s’engage –et engage !– sur des
défis concrets, des programmes concrets, des projets concrets. www.medess.org
Benjamin Ty-Shen